J’ai enfin pris le temps de mettre en page ces photos prises il y a 4 ans pour vous présenter les étapes de la réalisation d’un chiffonnier …
Cela fait 4 ans que j’ai réalisé ce meuble. Déjà ! Il était grand temps de vous montrer pas à pas comment le réaliser. Voyons cela en images … et en détails !
Réalisation des 2 côtés du meubles
La première chose à faire est de couper des tasseaux de 4 x 4 cm (rabotés et dégauchis) aux longueurs souhaités puis de préparer les assemblages. Ici, j’ai choisi d’utiliser ma domino pour réaliser des assemblages à faux-tenons mais n’importe quel assemblage de la leçon 3 conviendrait.
Après vérification que tout s’assemble parfaitement – on appelle cela l’assemblage à blanc – il est temps de coller et de serrer avec des serre-joints les 2 cadres qui constitueront les côtés.
Vous obtenez 2 côtés de meubles « presque » terminés …
Pour insérer un panneau central, la technique conventionnelle est de réaliser une rainure sur le cadre et d’insérer le panneau dans celle-ci avant collage du cadre. Le panneau n’étant pas collé dans la rainure, il est alors libre de se dilater. Pour cette réalisation, j’ai choisi de réaliser une feuillure (photo) puis de coller et clouer le panneau central dans celle-ci. Pour ce faire, il est alors indispensable d’utiliser un panneau en dérivé de bois, qui ne se déformera que peu au cours du temps (contreplaqué, MDF, OSB …). J’ai choisi ici un panneau de contreplaqué (ou multiplis) de 15 mm.
La feuillure doit avoir la même profondeur que le panneau qui sera inséré en son centre. Pour régler ma défonceuse, fidèle à mon habitude, je ne mesure pas, j’utilise une chute du même panneau pour régler à l’exacte profondeur d’usinage.
La feuillure terminée sur tout le cadre.
Zoom sur un coin. Comme la fraise de défonceuse tourne rond, le coin est arrondi. Vous aurez alors le choix entre arrondir les coins du panneau à insérer (mon choix personnel la plupart du temps) ou équarrir les angles avec un ciseau à bois pour obtenir un angle droit (mon choix ici).
Et voila le travail !
Il peut être nécessaire de fignoler un peu avec un rabot à main comme ici ou mieux un guillaume (je n’en disposais pas il y a 4 ans)
Ceci permet d’obtenir de jolis copeaux …
De l’autre côté du cadre – face opposée à la feuillure donc – j’usine une moulure décorative, à la défonceuse toujours. Mon choix s’est porté sur un modeste quart de rond …
Il reste à vérifier – avant collage ! – que le panneau s’insère parfaitement et qu’il arrive à fleur du cadre … C’est important, nous verrons ensuite pourquoi !
Vue d’ensemble
Les 2 côtés du meubles terminés après collage et clouage des panneaux centraux
En fait non, il restait une étape 😉 Ne m’estimant pas satisfait de l’esthétique des côtés, j’ai découpé, à la main, les pieds en biseau. Il eut été judicieux de réaliser cette étape dès le début, avant collage du cadre ! On voit aussi que j’ai raboté les 4 angles du pied. Il est aussi possible de la faire avec une affleureuse. Cette étape permet d’éviter les éclats lorsque vous déplacerez le meuble.
Réalisation du système de coulisse de tiroir : simplicité inside !
J’ai choisi de faire coulisser les tiroirs sur de simples tasseaux réalisés dans des chutes de contreplaqué collées et clouées. Fidèle à mon habitude, je ne mesure pas : j’utilise un gabarit de même dimension que les façades de tiroirs pour l’écartement entre tasseaux. On peut également voir sur cette photo pourquoi il était si important que le panneau central arrive à fleur du cadre.
Pour chaque tiroir, je fixe également un deuxième tasseau qui possède 2 fonctions : retenir le tiroir en position ouverte et l’empêcher de tomber ET servir de butée à la façade de tiroir pour qu’en position fermée, chaque façade arrive bien à fleur du meuble. Ici, on voit mon gabarit, constitué d’un côté de tiroir sur lequel j’ai cloué une chute de bois massif de la même épaisseur que mes façades. Le morceau de carton plié en 2 me permet d’assurer un jeu fonctionnel : il faut bien que le tiroir puisse coulisser, sans forcer si possible !
Pour le réglage de la butée, je place mon gabarit bien au bord du cadre puis je colle et je cloue.
Chiffonnier : assemblage de l’ossature du meuble
Voici venu le temps de l’assemblage des deux côtés entre eux pour former l’ossature du meuble. Là encore, j’utilise l’assemblage à faux tenon, les mortaises étant usinées à l’aide de la domino de Festool. Ici, une photo de la traverse basse, chantournée avec le workcenter.
puis on colle et on maintient avec des serre-joints.
J’ai également ajouté des traverses décoratives – elles n’ont pas d’autres fonctions – entre chaque tiroir. Compte-tenu de leur faible largeur, j’ai choisi l’assemblage à vis biaises, invisible à l’intérieur du meuble. J’aurais pu aussi utiliser des tourillons. A noter que j’ai collé ces assemblages en plus du vissage.
Vue de l’ossature terminée, en pin Douglas.
Pour fixer le plateau supérieur, j’ai aussi utilisé le système de vis biaise de Kreg (revoir la leçon n° 3 si besoin).
Le plateau supérieur, en chêne massif, a été assemblé à plat joints … revoyez la leçon n°2 !
Chiffonnier : comment réaliser les tiroirs ?
Pour réaliser les tiroirs, j’ai choisi encore une fois la technique des vis biaises dans du contreplaqué de 15 mm d’épaisseur. Il faut découper 4 côtés et un fond par tiroir puis pré-percer à l’aide du gabarit KREG.
Ensuite, il faut usiner une rainure (leçon n°4) sur chacun des côtés. Cette rainure servira à insérer le fond du tiroir SANS COLLAGE !
ensuite, on colle et on visse le premier angle
puis le deuxième. A noter que pour plus de longévité, il est préférable de faire « travailler » les vis dans le bon sens. J’ai donc pré-percé la façade et le fond du tiroir plutôt que les côtés !
On insère ensuite le fond dans la rainure, SANS COLLAGE !
Le fond inséré … SANS COLLAGE, je rabâche 😉
Ensuite on colle et on visse le dernier côté. L’aide des pinces KREG est alors précieuse pour gagner en précision
N’oubliez pas de vérifier l’équerrage, à l’aide d’une équerre ou mieux, en vérifiant que les diagonales du tiroir font la même longueur !
1 tiroir terminé !
Reste à vérifier qu’ils s’insèrent tous dans le meuble …
… Et qu’ils coulissent bien sur ses tasseaux ! On voit bien sur cette photo que le tiroir ouvert est maintenu par les tasseaux supérieurs. A noter que les tasseaux supérieurs ne doivent pas être plus épais que l’épaisseur des côtés du tiroir sinon ils empièteraient sur l’intérieur du tiroir …
Ensuite, vient le temps d’assembler les façades des tiroirs. Pour chacune d’entre elle, il faut vérifier qu’elle s’insère à son emplacement avec du jeu. si besoin, rectifiez à l’aide d’un rabot… ici le rabot RALI à lames jetables.
Pour assurer un jeu, je pose la façade sur 2 pièces de monnaies. Cela permet de garantir que la façade ne frottera pas sur la traverse. Les seuls frottements ont lieu sur les tasseaux qui soutiennent les tiroirs. Il est possible de les paraffiner pour améliorer le glissement.
Zoom sur le système de coulisse, vu de l’intérieur du meuble. On constate que la façade (à gauche sur la photo) arrive bien en butée.
Chiffonnier : quelles finitions choisir ?
Pour les finitions, j’ai choisi une des techniques de patine à l’ancienne de Sandrine Muller-Bohard
Une première couche de peinture claire sur l’ossature du meuble …
… et sur les tiroirs
Une deuxième couche plus foncée puis il ne reste plus qu’à utiliser les astuces de Sandrine pour patiner à l’ancienne.
Le meuble terminé, installé dans mon salon.
Zoom sur une façade de tiroir pour vérifier l’existence de jeu (la façade va en effet se dilater au fil des saisons).
Zoom sur l’intérieur d’un tiroir. On constate que la façade est collée puis vissée par l’intérieur du tiroir.
Un tiroir ouvert. On voit que j’ai choisi de mouluré la façade, toujours à la défonceuse.
Zoom sur les moulures sur les côtés du meuble. La technique de patine à l’ancienne les fait ressortir.
Autre vue d’un côté.
Zoom sur l’intérieur du meuble et la fixation du plateau supérieur.
Et pour finir, le plateau supérieur, en chêne massif, a lui aussi été mouluré sur son pourtour. Pour la finition, je l’ai simplement ciré après application d’une couche de fondur.
Je n’ai pas pris de photos du dos du meuble mais j’ai également collé et cloué un panneau de contreplaqué de 5 mm dans une feuillure. Le dos est essentiel dans ce type de meuble, en assurant un contreventement. Il contribue donc à sa solidité et à sa longévité.
Ce pas à pas est désormais terminé. J’espère qu’il vous a plu, qu’il vous a appris des choses et que vous oserez vous lancer sans tarder. N’hésitez pas à m’envoyer des photos de vos réalisations ! A bientôt sur FDM …
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