Aujourd’hui nous accueillons Yves MARTIN, du Blog Avbois.com. Ce site internet tout récent traduit la grande passion qu’a Yves pour le travail du bois. Découvrons ensemble ce passionné …
C’est avec joie que je vous présente l’auteur d’un blog tout récent : avbois.com. Yves Martin est un homme de passion et cela transpire dans ses propos. Je n’en dis pas plus : bonne lecture !
Bricoleur amateur – Bonjour Yves, pour que les lecteurs comprennent qui tu es, peux-tu te présenter ?
Yves – Bonjour à tous. Tout d’abord merci pour ce questionnaire auquel je vais bien sûr répondre le plus honnêtement possible.
J’ai 42 ans, je suis marié et j’ai 5 enfants de 8 à 16 ans (4 garçons et une fille).
Côté hobbies, ma vraie passion de toujours est le travail du bois. Mais d’une manière générale, j’aime vraiment beaucoup bricoler (maçonnerie, carrelage, électricité, charpente,…). Sinon, je pratique aussi la course à pied.
Bricoleur amateur – En tant que bricoleur, comment te définirais-tu ? et pourquoi ?
Yves – Si je montre mes réalisations, certains me qualifieraient de bricoleur « pro » ou au moins « averti». Si, je dis que je n’ai jamais suivi de formation spécifique dans le domaine du travail du bois, on aura vite fait de me mettre dans la case « amateur ».
En fait, peu importe ! Ce qui compte, c’est le plaisir que l’on a et que l’on donne aux autres. Donc, personnellement, je me mettrais dans la case « bricoleur passionné ». C’est ce que je souhaite à tous les lecteurs de ton site car c’est la façon la plus efficace et la plus agréable pour progresser durablement.
Bricoleur amateur – Peux-tu nous dire comment tu as commencé à travailler le bois ? Dans quelles circonstances ?
Yves – C’est certainement bizarre mais vers 9-10 ans, j’ai commencé à dessiner des projets en bois (par exemple portes de placard de ma chambre) sachant pourtant que je n’avais pas les moyens de les réaliser ! Une certaine façon de vivre dans le virtuel mais qui a consolidé mon envie de concrétiser tout cela un jour.
La lecture d’un livre à cette époque (manuel complet du bricolage de la sélection du Reader Digest 1981) a certainement eu aussi beaucoup d’impact.
Enfin, l’élément décisif a été mon parrain qui m’a offert une scie sauteuse à 12 ans, une perceuse à 13 ans, une ponceuse à 14 ans. J’ai reçu une défonceuse à 15 ans (quasiment inconnue à l’époque en France!). Ce qui était incroyable, c’était que je continuais à avoir plein de projets dans la tête sans pouvoir les réaliser faute de bois.
C’est donc seulement à 16 ans que j’ai acheté mes premières planches (du latté) que j’ai assemblées en rainures/languettes pour constituer un meuble un peu bizarre qui faisait penderie, bureau et bibliothèque. Enfin, j’en étais très fier !
Ensuite les études, le mariage et l’entrée dans la vie active. Par conséquent, j’ai dû attendre l’âge de 25 ans pour véritablement commencer à assouvir ma passion du bois…et toucher mes premières planches de vrai bois, brutes de scierie.
Mes premières réalisations ont été essentiellement utilitaires (buffet, tables, commode, lit…). Pas beaucoup d’argent quand on commence dans la vie active et que l’on est marié. Mais en contrepartie, beaucoup de passion et d’idées. Ce sont pour moi les vraies circonstances qui m’ont permis de me lancer dans l’aventure « bois ».
Bricoleur amateur – A quel moment la passion est-elle venue ?
Yves – Je crois sincèrement l’avoir toujours eue. J’admirais tout petit mon parrain très bricoleur. Alors que mes parents ne l’étaient pas, ils étaient néanmoins très sensibles aux « beaux meubles »!
Dans le garage de mon grand-père (hélas mal outillé pour le bois !) en période de vacances, j’aimais tout gamin me confectionner des bricoles. J’étais très souvent frustré car ce que je faisais ne fonctionnait pas ou bien me semblait très moche. Je pense aujourd’hui que ces quelques heures ont pourtant été essentielles pour la suite.
Un conseil donc pour tous les parents et grands-parents : donnez des bouts de bois, une râpe, une scie, quelques clous à vos enfants ou petits-enfants car il en restera toujours quelque chose!
Bricoleur amateur – quel est ton meilleur souvenir de bricoleur ?
Yves – Coté réalisations, c’est difficile de répondre ! On garde toujours un souvenir ému de sa ou ses premières réalisations…même si parfois (et surtout si) cela s’est fait dans la douleur ! Disons que ma grande satisfaction, c’est la joie de mon épouse et de mes proches.
Pour répondre tout de même à la question, je pense que l’une de mes plus grandes émotions (ne riez pas !), c’est la première fois que j’ai touché et travaillé une planche de bois brute de scierie à l’âge de 25 ans pour mon premier meuble, un buffet Louis-Philippe en merisier. Et oui, avant l’âge de 25 ans c’était du latté ou des chutes d’agglomérés ! Allez lire mon article « Mon premier meuble » sur mon site et vous comprendrez l’émotion lorsque je suis allé pour la première fois dans une scierie.
Bricoleur amateur- le pire ?
Yves – Le pire ou plutôt les pires souvenirs, ce furent essentiellement l’usage d’outillage de mauvaise qualité (mauvais serre-joints, papier de verre qui raye, mèches à bois qui se tordent ou qui cassent dans le bois, mauvaise râpe, idem pour de l’électroportatif bas de gamme).
Si l’on inclut l’aspect sécurité, alors j’ai une petite anecdote : lors de mon premier meuble (buffet 3 portes), alors que je délignais les planches brutes de scierie sur le balcon (pardon pour les voisins !) à l’aide d’une table de sciage portative, la scie circulaire s’est soudainement bloquée grillant en même temps le moteur de la scie circulaire. Constat : le couteau diviseur mal vissé (scie circulaire neuve !) est entré en contact avec la lame. Je vous passe le bruit et la frayeur du moment pour ma première expérience avec une scie circulaire !
Bricoleur amateur – Parle-nous maintenant de ton blog, comment est-il né ?
Yves – Mon site www.avbois.com est né avant tout de l’envie de communiquer ma passion du travail du bois, de transmettre ce que j’ai appris sur le tas et d’inviter ardemment jeunes ou anciens à oser se lancer dans cette aventure.
En réalité, j’ai souvent été frustré du manque d’information dans la littérature concernant les vraies difficultés ou astuces pour la réalisation d’ouvrages de menuiserie ou d’ébénisterie. Soit les articles restaient très généraux et effleuraient à peine les sujets épineux, soit ils laissaient entendre que ces méthodes relevaient d’un savoir-faire des gens du métier, ce qui les rendaient inaccessibles !
Heureusement, les choses évoluent car l’on trouve aujourd’hui de l’information de plus en plus pertinente et Internet n’est pas étranger à cette évolution. Les fameux « secrets d’atelier » se dévoilent pour la plus grande joie des bricoleurs passionnés. C’est l’objet principal de mon blog !
Bricoleur amateur – Alors cela nous fait plusieurs points communs. Que peuvent trouver mes lecteurs sur ton site ?
Yves – J’aimerais convaincre les lecteurs qu’avec de la passion, de la méthode et de la persévérance, on peut réaliser de «beaux ouvrages » de menuiserie et d’ébénisterie. J’ai moi-même essuyé les plâtres à chaque réalisation en commettant chaque fois des erreurs que je tentais de corriger ensuite. Il ne faut pas se mentir, rien n’est facile et le pire adversaire est le découragement ou le manque de confiance en soi.
Je voudrais donc dans mon site faire passer au moins un message : osez-vous lancer, osez-vous tromper puis recommencer. Après, le temps fera son œuvre, les progrès viendront petit à petit et la satisfaction du chemin parcouru sera un véritable moteur.
Bricoleur amateur – Exactement, c’est ce que je répète souvent ici. Nous sommes en phase 😉 . Réalises-tu tes meubles toi-même ? tous ?
Yves – Comme indiqué plus haut, quand on débute dans la vie, on a souvent peu de moyens ! C’est l’une des raisons qui m’a poussé à réaliser les meubles que nous ne pouvions nous acheter !
J’ai dessiné et conçu tous les ouvrages que j’ai réalisés même si certains d’entre eux sont très proches de réalisations classiques. Cette phase de conception, de recherche de forme me procure énormément de plaisir car je peux échanger avec mes proches avant de passer à la réalisation!
Au début ce furent essentiellement des meubles utilitaires (buffet, tables, commode, lits, bibliothèques). Ensuite, des réalisations de menuiserie (escalier en chêne, boiseries, portes, portail, volets, portillon) puis de la déco (lampes).
Aujourd’hui, 17 ans après ma première vraie réalisation (buffet Louis-Philippe), mes goûts ont évolués, ils se sont simplifiés. Au départ, je recherchais peut-être aussi le défi avec des ouvrages « travaillés » contenant beaucoup de moulures. Maintenant, je réalise plutôt des ouvrages un peu plus « design » ou « tendance » avec des panneaux plaqués.
Bricoleur amateur – De quel matériel disposes-tu pour cela ?
Yves – Lorsque j’ai commencé à 25 ans, j’ai investi dans du matériel portatif (scie circulaire, ponceuse excentrique, nouvelle scie sauteuse, nouvelle défonceuse, ponceuse à bande) en faisant un paiement au BHV en 10 fois sans frais !
Pour dégauchir les planches brutes de scierie, je disposais d’une rabo-dégau Lurem de 210 chez mon beau-père, habitant hélas à plus de 400km. Autant vous dire que les périodes de vacances et bien des week-ends y sont passés pour aller préparer mon bois.
Ensuite, j’ai pu disposer d’une combiné Lurem (LC260) chez mon beau-père. Bien que très bricoleur, il ne travaillait pas du tout le bois. Il a ainsi vendu sa rabo-dégau pour acheter une combiné en voulant certainement me donner un coup de pouce (je l’en remercie !). Cette combiné m’a vraiment aidé à réaliser mes premiers meubles pendant plus de 10 ans. Je réalisais les meubles et ouvrages de menuiserie en période de vacances chez mes beaux-parents puis les ramenais en pièces détachées pour la finition.
J’ai acheté parallèlement une mortaiseuse à bédane carré pour les tenons mortaises et je me suis outillé petit à petit en outillage de qualité (électroportatif Festool).
Nous avons déménagé il y a environ 6 ans et je me suis constitué un bel atelier. Je suis aujourd’hui équipé en machines stationnaires indépendantes de marque Felder et Chambon (Scie-toupie, raboteuse, dégauchisseuse, scie à ruban). Ce sont des machines onéreuses qui nécessitent de la place (un bon gros garage !) mais la qualité et le plaisir sont au rendez-vous ! Ne pas oublier que ces machines peuvent être assez rapidement amorties si en plus de vos meubles, vous réalisez tous vos ouvrages de menuiseries (portes, escaliers, portail, volets,…) ! Le hic, c’est souvent la place et l’investissement au départ.
J’ai beaucoup parlé de l’outillage portatif ou machine. Mais au cours de ces 17 années, j’ai découvert l’intérêt de l’outillage à main. Il ne faut pas le sous-estimer ! Le plus grand plaisir que j’ai aujourd’hui dans la réalisation d’un ouvrage (en dehors de la phase de conception !), c’est dans l’utilisation, d’un rabot, d’un racloir, d’une wastringue, d’une scie japonaise, d’une râpe piquée main, que sais-je encore ! Il faut bien-sûr privilégier la qualité car le résultat et le plaisir en dépendent. Il faut chercher cette qualité sur des sites spécialisés et fuir les Grandes Surfaces de Bricolage qui vont fourniront souvent du bas de gamme. C’est certes un petit investissement chaque fois mais un bon outil sera ensuite un ami, un compagnon pour toute votre vie de bricoleur.
Une dernière précision : pour débuter, il est vrai qu’il faut un outillage minimum au départ. Commencer par de l’électroportatif est une bonne chose. Pour aller plus loin, c’est-à-dire réaliser des ouvrages un peu plus importants en taille, il faut envisager une bonne petite combinée. On s’outille en fonction du budget de chacun mais ne pas oublier que cela reste un investissement qui ensuite sera vite amorti au fil du temps. Retenir surtout qu’il ne faut pas hésiter sur la qualité en s’équipant progressivement au fil du temps.
Bricoleur amateur – Si tu ne pouvais garder qu’un seul outil, ce serait lequel ? et pourquoi ?
Yves – On ne fait pas un meuble avec un seul outil ! Difficile donc de faire le tri. Pour choisir, je retiendrai le côté cœur, c’est-à-dire l’outil qui m’est cher symboliquement car chargé émotionnellement. Cet outil est le suivant (visible dans l’image d’en-tête de mon site) : un rabot à corne en cormier (image ci-dessous).
J’ai un jour récupéré ce rabot. Il était tout poussiéreux, rouillé et incapable de faire le moindre copeau. Je l’ai nettoyé, désencrassé, ciré puis j’ai affuté le fer. Et là ô miracle, mes premiers copeaux ! De beaux, longs copeaux ondulés de chêne ! Ce fut pour moi un incroyable moment et une révélation car j’étais persuadé jusqu’alors que les rabots relevaient plutôt d’une époque révolue et que leurs utilisations devaient être l’aboutissement d’un long apprentissage ! L’avenir me montra qu’il n’en était rien. Seul condition encore une fois, choisir des rabots de qualité (par exemple pour des rabots métalliques, choisir des vieux Stanley et non les nouveaux ou taper dans de la marque Lie Nielsen, Veritas, Clifton,… !)
Bricoleur amateur – A ce sujet, aurais-tu une astuce à partager avec mes lecteurs ?
Yves – Oui, il y a en a beaucoup que j’essaye d’ailleurs de distiller au travers des articles de mon site.
Quelques astuces de base :
- pour les petites vis, toujours faire des pré-perçages dans les bois mi-durs ou durs si vous ne voulez pas qu’elles cassent dans votre ouvrage !
- lors du perçage d’un trou traversant, toujours mettre une cale (martyre) en dessous pour ne pas arracher le bois à la sortie du foret
- Les petites vis se vissent à l’aide d’un tournevis et non d’une visseuse
- Bien affûter vos outils pour des questions d’efficacité, de qualité de finition et de sécurité
- Vérifiez le taux d’humidité de vos bois avant de les travailler et adapter-les à leur environnement final (voir article détaillé sur mon site)
- en terme de planification de projet, multiplier par 3 le temps initialement prévu et vous serez assez proches de la réalité.
- Petite astuce pour le collage : utiliser une brosse à dent pour étaler votre colle, je n’ai jamais rien trouvé de mieux depuis !
- …
Bricoleur amateur – Pour finir, quel conseil donnerais-tu à tous les débutants qui lisent mon blog ?
Yves – Le conseil le plus général que je pourrais donner, c’est de se lancer, de persévérer et … de ne pas avoir peur de faire des erreurs ! Ce sont ces erreurs qui permettront de progresser le plus sûrement ! Ne pas se dire que la réalisation de meubles est affaire de professionnels. Bien-entendu, on peut commencer par des objets simples ! Mais on peut tout aussi bien s’attaquer à des projets ambitieux dès le début car la motivation nous aide à nous surpasser.
D’autres conseils plus pragmatiques qui me viennent à l’esprit :
- Choisir dès le départ de l’outillage de qualité (déjà dit plus haut !).
- Se réconcilier avec l’outillage à main (choisir un bon petit rabot métallique, une petite scie japonaise, une râpe piquée main, quelques bons ciseaux à bois en métal forgé)
- ne négligez pas la phase de collage : elle se prépare et nécessite de bons serre-joints
- soignez votre finition avec de bons produits (fondur,…)
- lire de la bonne littérature ou des sites qui démystifient les « secrets d’atelier »
- être curieux en tout (visiter des musées, échanger avec des passionnés dans d’autres domaines,…)
- dessiner…
Bricoleur amateur – Un dernier mot ?
Yves – Je voulais remercier Yoan pour ce questionnaire et lui souhaiter beaucoup de succès pour son blog. Je souhaite que le site de Yoan (et le mien bien-sûr !) déclenche ou confirme la passion du bricolage et du travail du bois, ou à défaut l’émerveillement dans ce noble art.
Bien amicalement.
Bricoleur amateur – Eh bien merci pour ce long et passionnant échange. Nul doute qu’il a donné envie à tout le monde de visiter ton blog. Longue vie à celui-ci !
Incoming search terms:
- fabriquer une bibliothèque (183)
- fabriquer une bibliothèque en bois (96)
- avbois (19)
- comment faire un lit en palette (15)
- comment fabriquer un banc de jardin en bois (13)
- comment construire une table de jardin (11)
Merci les gars du coeur que vous mettez à nous aider à monter dans le train!
C’est tellement plus chaleureux et aidant quand on se sent soutenu.
Pascal